samedi 22 octobre 2011

rappel de nos vidéos 2010

Avant d'entamer nos conférences catéchétiques de l'année liturgique 2011, voici un petit rappel de nos travaux sur 2010, conférences filmées par le Père Jivko Panev, recteur de la Paroisse Notre-Dame souveraine de Chaville, et responsable d'orthodoxie.com.

Les 12 fêtes, partie 1 : comment le judaïsme permet de mieux comprendre notre cycle liturgique (de la Naissance de la Mère de Dieu à l'Annonciation).


12 fêtes et Pâques 1ère partie from J. Panev on Vimeo.

Les 12 fêtes, partie 2 : comment le judaïsme permet de mieux comprendre notre cycle liturgique (des Rameaux à la Dormition).


"Les douze fêtes et Pâques" 2ème partie from J. Panev on Vimeo.

La naissance du Messie et les saints ancêtres : qu'est-ce qu'un Évangile ? pourquoi y-a--t-il deux généalogies du Christ dans le Nouveau Testament ? Lecture juive de la généalogie de Matthieu. Les frères et soeurs du Christ et la virginité perpétuelle de Marie - les Évangiles en nouvelle Torah :


Cycle de conférences bibliques : « La naissance du Messie et les saints ancêtres » from J. Panev on Vimeo.

L'alliance, la Loi, les commandements et l'Amour - le mystère du salut : comment comprendre la Loi et les commandements et sortir de la vision légaliste.


« L'Alliance, la Loi, les commandements et l’amour : le mystère du Salut » une conférence de Sandrine Caneri from J. Panev on Vimeo.




Session : La Bible, les Pères et les sources juives

Voici le témoignage d'une participante à cette session.

Juillet 2011


Cette session avait été organisée, par les membres de l’équipe rassemblée autour de Sandrine Caneri, et menée sur place dans le magnifique cadre de l’abbaye cistercienne Notre Dame du Bon Secours, près de Carpentras. : Père Jean Claude Gurnade, prêtre du patriarcat de Roumanie, malgré ses lourdes charges nous a consacré une semaine de son été. Rémy Guérinel nous a introduits à l’incorporation de la Parole. Laurent Kloeble, étudiant en théologie à L'Institut Saint Serge à Paris a axé ses interventions sur les conciles de pensée sémite et la théologie de la substitution. Mireille Cohen et Jeanne ont assuré le soutien logistique et l’organisation, ainsi que l’animation des temps de détentes avec les danses traditionnelles d'Israël . Claudine Garcia et sa jeune nièce Ludivine au service de la cuisine nous ont régalés.
Le père Gérard Reynaud de Clermont Ferrand, a été empêché au dernier moment de nous rejoindre.
Nous nous sommes retrouvés une vingtaine dans ce beau lieu, pour approfondir la Parole de Dieu et ses sources. Nous étions de provenances géographiques et ecclésiales très diverses : Patriarcat de Roumanie, Archevêché de la rue Daru, Patriarcat d'Antioche, de Marseille, Clermont Ferrand, Pau, Bordeaux, Belgique, Dordogne, Carcassonne, Paris, Normandie, Toulouse, et de niveaux de connaissance très divers aussi. Tous cependant, imprégnés de la liturgie et de la tradition orthodoxes. Cette diversité a enrichi la communion, dans une union des esprits et des cœurs ; le climat de la session était tout baigné de simplicité, de bonne entente, de concentration studieuse et de fraternité. L'Esprit Saint, invoqué par tous, chaque jour, et avant chaque séance de travail était notre unité !

La vie liturgique au cours de la session
Nous nous retrouvions pour l'office de l’orthros et des vêpres tous ensemble chaque jour dans un petit oratoire. L’office de Paraclisis était célébré chaque fin de soirée par deux de nos frères fidèles, rejoints à l'occasion par l'un ou l'autre d'entre nous.
Nous avons été très heureux de la présence paternelle du Prêtre Jean-Claude, qui a permis une certaine intensité par la célébration de la Divine Liturgie deux fois dans la semaine (pour la St Elie et Ste Marie Madeleine) plus le dimanche où nous a rejoints Père Georges Eymard (de la Paroisse d’Avignon qui avait prêté tout le matériel liturgique pour la semaine). La présence de Père Jean Claude a permis pour la plupart d’entre nous de recevoir le sacrement de réconciliation.

Rencontres entre Eglises sœurs
Nous nous sommes joints aux sœurs cisterciennes pour les vêpres du premier soir. Pour celles du samedi soir, ce sont elles qui ont désiré se joindre à nous avec joie, en nous invitant à venir célébrer nos vêpres de la Résurrection dans leur grande église. De même avant leur Eucharistie, nous avons pu y célébrer la Liturgie du Dimanche, et certaines encore se sont jointes à nous, découvrant les richesses de notre tradition. Notre présence a été ainsi une occasion de vivre quelque chose avec nos sœurs dans le respect de nos Eglises et de nos différences.
Lors de l’après midi libre certains d’entre nous avons fait deux visites, dont l’une à l'abbaye de Sénanque (joyau du roman cistercien du XIIè siècle) et ont clôturé la visite en chantant l'office de vêpres avec les moines.
Pour ceux qui le pouvaient, les dernières vêpres de la session étaient proposées dans le petit monastère de l’Epiphanie à Eygalières (catholique), communauté atypique, dont la prière des heures est de type oriental.
Cette vie liturgique ensemble, régulière, soutenue, a été la charpente solide de notre session d'étude, et a donné à notre semaine un climat de forte intensité spirituelle.

Des liens avec la communauté qui nous accueillait :
Mère Anne-Emmanuelle, abbesse de la communauté nous a accueillis le premier soir, avec sr Bénédicte, l’hôtelière. Elles sont revenues à notre soirée festive du samedi soir, et au moment de notre départ le dimanche après midi. Nous avons également pu rencontrer la communauté toute entière de façon informelle autour d'un apéritif préparé par les soeurs à notre intention le samedi soir à l'issue des vêpres. La rencontre avec l'orthodoxie vivante à travers notre présence et surtout les vêpres et la Liturgie ont les ont fortement marquées. A été exprimé le souhait de nous revoir l'année prochaine et de poursuivre ainsi notre rencontre - découverte de la tradition spirituelle des uns et des autres :



Le contenu de la session
Le propos de la session, était de contribuer à édifier une église sainte, unie, par l'étude de nos "fondamentaux" : l'Ecriture, les Conciles, la Tradition et les Pères de l'Eglise, en recherchant, étudiant et apprenant à aimer leurs sources juives.
« Il n'y a pas un seul iota ou un seul signe écrit dans l'Ecriture qui ne produise son propre effet sur ceux qui savent se servir de la vertu des Ecritures, ne t'imagine pas qu'il y a du superflu dans ce qui est écrit, mais accuse toi, toi plutôt que les Ecritures sacrées, quand tu ne trouves pas la raison d'être de ce qui est écrit » Origène
Nous avons reçu de Père Jean-Claude bien des éclairages pour mieux lire l'évangile : sur l'appel des premiers disciples, la Sainte Rencontre, la belle-mère de Pierre, Marie de Magdala au tombeau. L’attention aux noms de personne et de lieux, aux mots clés d’un texte etc…
Avec Rémy nous avons pu entrer dans une approche dynamique et corporelle de la Parole de Dieu avec l’Epître aux Romains (11,15-27).
Nous nous sommes familiarisés avec des outils de lecture des fondements de notre tradition de l'Ecriture Sainte : règles de lecture, règles d'interprétation, certaines données par les Pères de l'Eglise à la suite des rabbins. Sandrine Caneri a réussi à nous introduire au Midrash, en nous en montrant le grand intérêt en tant que clé de compréhension de l'Ecriture, faisant ainsi ressortir la complexité et l'immense richesse du Verbe de Dieu, grâce à quelques bribes de la Tradition juive. (Orale et Ecrite)

Evangile et tradition juive
Nous avons appris pendant la session que l'évangile a puisé au puits clair et profond de la sagesse juive. Jésus puise ses paraboles et ses images dans le trésor déjà constitué et si riche de la Tradition de ses pères. Avec Laurent et Sandrine, nous avons découvert que les Pères de l'Eglise, bien qu'utilisant la langue grecque, restent largement sémites dans leur façon de penser Dieu, l’homme et le monde. Leur conception de l'homme, leur conception du temps sont sémites et non grecques. Ils ont une façon de penser héritée des juifs, une façon d'interpréter, de commenter les textes, de scruter les écritures qui sont héritées des juifs. A nous de le découvrir.
Nous ne comprenons pas certains textes des Pères par simple ignorance de leur contexte. Par exemple, Laurent a repris pour nous les huit homélies contres les juifs, de St Jean Chrysostome, des écrits si virulents. Nous avons vu que ces huit homélies n'étaient pas destinées à être conservées et transmises. Elles ont été prêchées pendant les mois de septembre et octobre, sommet du calendrier juif, (fêtes de Roch Hashana, Kippour, Souccot, Simhat Torah) fêtes somptueuses, ferventes , attractives pour les païens de l'époque, qui du coup, durant cette période, n'allaient plus à l'église mais à la synagogue. Nous a été rappelé aussi qu’en cette période encore les communautés juives à Antioche étaient nombreuses et fortes, tandis que l’Eglise naissante restait minoritaire, et fragile.
Jean Chrysostome écrit dans un contexte difficile à Antioche, il écrit pour arrimer fermement au Christ et à l'Eglise les pagano-chrétiens en quête spirituelle. Jean Chrysostome a eu une formation poussée, une éducation classique. C’était un rhéteur hors pair, dans ses homélies contre les juifs, il emploie la technique de discussion rhétorique appelée : psogos c'est à dire une controverse utilisant à l’envie des invectives outrancières. C'était la façon habituelle de débattre en public. L'ennui est que nous lisons ses écrits sans tenir compte de tout cela, et sans avoir une connaissance globale de St Jean Chrysostome, ni de ses écrits par ailleurs philosémites. On ne sait pas par exemple que les juifs ont soutenu St Jean Chrysostome dans la période troublée où Evêque de Constantinople, il fut exilé. Laurent nous a également expliqué ce qu’est la théologie de la substitution dont nous n’avions jamais entendu parler, et qui pose encore quelques soucis dans notre façon actuelle d’aborder l’Ancient Testament. La théologie de la substitution pourrait se résumer ainsi : c’est une position théologique qui considère que le peuple d’Israël n’ayant pas reconnu en Jésus le Messie est rejeté de Dieu. L’Église venue des nations le remplace, et c’est elle qui désormais bénéficiera des promesses.
Or nous a-t-il dit, on ne peut s'appuyer ni sur l'Ecriture ni sur les Pères pour dire que depuis que le Christ s'est manifesté, l'Eglise remplace purement et simplement Israël.

Les Saints Pères de l'Eglise
Nous avons aussi étudié Origène, Tertullien et St Augustin dans leur rapport avec la tradition juive et avec les juifs de leur époque. Nous avons découvert chez plusieurs Pères (Grégoire le Grand, Origène, Jérôme) ou encore chez St Paul, et jusque dans les Evangiles, l'imprégnation de la tradition orale juive. "Bien des passages du texte sacré que je n'ai pu comprendre seul, m'ont livré leur sens en présence de mes frères" dit Grégoire le Grand, c'est ce que nous avons expérimenté avec la session
C'est par la présence de nos frères qui nous ont donné les fruits de leur étude, que nous avons mieux compris les textes, et comment lire les Ecritures. Nous avons reçu de l’Ancien Testament, de l’Ecriture Juive, une Bible déjà interprétée : on en voit partout des traces dans le Nouveau Testament; on les voit quand on connaît le reste de la tradition orale juive

L'objet même de cette session est très important pour l'Église, afin que les sources juives soient remises à l’honneur, c’est une exigence de vérité pour l'Eglise. Il ne s’agit pas seulement par plaisir personnel de comprendre l’Evangile, il s'agit de répondre au Christ qui veut Son Eglise unie et sainte, et qui veut Ses enfants réunis. Tous ses enfants, païens, chrétiens : orthodoxes, catholiques, protestants, tous réunis avec les juifs.
Cette gravité là, je l'ai sentie très fort : j'ai eu la certitude que le Christ Lui même était là, au milieu de notre travail commun, était là parce que c'est Lui qui est en train d'édifier son Eglise. Il le veut. Il veut qu'elle soit repentante, réconciliée, unie. Parce qu'il y va de la gloire de Son Nom. Il y va de la vocation de l'homme qui selon le plan du salut est une créature appelée à louer Dieu dignement, à transfigurer le monde, à restaurer dans l'amour l'unité de tous. : "grande est l'étude quand elle mène à l'action" dit Rabbi Aquiba.


Nous avons reçu un dossier contenant un polycopier de 28 pages sur " Lire les Ecritures : lecture avec les Pères de l'Eglise et lecture juive" qui expliquait l'utilisation de l'allégorie, de la typologie, le sens littéral et les sens spirituels, le midrash, l'amour de l'Ecriture, de sa compréhension par étapes, sa mise en pratique, son accomplissement : chaque chapitre étant illustré d'abondantes citations des Pères et des rabbins. Citations soigneusement choisies et de grande utilité pour nous éclairer et nous guider dans notre travail.

Nous avons eu le privilège d'entendre deux témoins invités.
Avec Soeur Dominique du monastère de l’Epiphanie à Eygalières nous avons touché l'étendue de notre ignorance, et l'importance d'honorer l'héritage transmis par les juifs. L'importance pour notre foi, notre vie ecclésiale, notre connaissance du Christ. Cet héritage transmis peut être source d'espérance : en revenant tous nous abreuver à cette source vive, nous ferions un pas essentiel vers l'unité de l'Eglise, vers des réconciliations, et vers la vérité. Nous pourrions ensemble nous diriger résolument vers un amour respectueux envers les juifs, et découvrir le trésor caché de l’Eglise.
Soeur Dominique nous a parlé du travail commencé dans leur monastère depuis plus de 50 ans et encore en cours : elles ont étudié, cherché, compris la cohérence entre le midrash et les Pères de l'Eglise. Le fruit a été la compréhension et l'acceptation de notre divergence avec les juifs ; sans la stigmatiser comme un ferment de division. Elles laissent le Seigneur habiter l'entre deux, le silence qui écoute, la question qui reste ouverte. Ce fut pour nous un appel à l'écoute, à laisser l'espace de silence, l’espace vide dynamique (comme celui entre les deux chérubins dans le Temple de Jérusalem), espace de relation, espace de communion. Un appel au respect de la grandeur du peuple juif, de son mystère et de sa vocation à sanctifier le Nom de Dieu.
Thierry Colombier, catholique, laïc venant de Nantes, appartenant au Comité National de l’Amitié Judéo-chrétienne, partant de la richesse de son expérience nous a rappelé la spécificité du peuple juif : un peuple "mis à part", qui porte quelque chose qui le dépasse. Il a expérimenté dans ses relations combien cet Amour d'élection est lourd à porter, cette "préférence" leur coûte cher. Il nous a rappelé avec force la souffrance des juifs, les torts de l'Eglise envers eux, la peur qu’ils ont des chrétiens, peur alimentée par tant de persécutions. Sachons écouter cette souffrance, et découvrons encore que l'antisémitisme n'est pas un racisme comme les autres. Il est important aussi de reconnaître et de se souvenir nous a-t-il dit, que l'Eglise a son origine dans le judaïsme; que Jésus était juif; qu’il a choisi ce peuple pour s’incarner, et que le marcionisme a été condamné dès le second siècle. L'anti judaïsme de l'Eglise chrétienne est un péché contre l'Esprit : l'Eglise a besoin d'écouter le juif pour entendre la voix de Dieu, pour entendre Son projet. Et pour comprendre l'Ecriture.

Détente et vie fraternelle

Dans notre après midi libre, la plupart d’entre nous avons eu la joie de visiter le quartier juif de Carpentras et sa synagogue, visite guidée par une jeune guide compétente et pleine de talent oratoire. Devant ce qui restait du ghetto du Moyen Age, certains ont réalisé les drames vécus par cette petite communauté juive durant des siècles, drames de ségrégation mais aussi d’humiliation publique et de mépris de leurs traditions. Le samedi les juifs étaient sommés de se réunir à l’Eglise pour écouter de gré ou de force les sermons de l’Evêque en personne, afin de les obliger à se convertir.
Les temps de chants et de danses ont mis une bonne respiration dans un rythme soutenu et studieux, tandis que les délicieux repas de nos cuisinières, ont agréablement refait nos forces, les jours gras comme les jours maigres.
Les services de vaisselle, rangement, épluchages ont été assumés par tous, dans la bonne humeur et la légèreté.
Et parce qu’il n’y a pas de joie sans quelques incidents : La liturgie de St Elie nous a valu le déclanchement de l’alarme à incendie… car la fumée de l’encens était montée jusqu’au détecteur !

Le bilan final a montré que le désir est grand chez la plupart des participants de continuer à creuser la Parole de Dieu, les Pères, l’Evangile et les sources de la tradition orale juive dont Jésus lui-même nous parle sans que nous le sachions toujours.
Ainsi une deuxième session biblique se prépare-t-elle pour juillet 2012 avec la grâce de Dieu.